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Revue de la lecture internationale en matière d’accidentologie en Recycleur (CCR)

 

J’ai repris la lecture du dernier compte rendu 2023  d’accidentologie donné par DAN (Diver Alert Network) en plongée recycleur .

 

Celui-ci a été présenté par le Dr Frauke Tillmans et en comparaison avec l'étude similaire faite en 2012  par le Dr Andrew Fock.

 

Les données fournies par DAN sont extraites des analyses des données de ses membres en majorité ;elles peuvent aussi venir d’informations  extérieures à DAN .

 

Quels sont les éléments  à  retenir pour DAN dans son compte rendu 2023 :

 

La moyenne d'âge des utilisateurs de recycleurs se situe entre 42 et 46 ans .

Il s’agit de 84 à 95 % d’hommes .

En moyenne , brevetés depuis 6 ans .

40 % le sont depuis moins de 5 ans .

et 10 % des plongeurs ccr étudiés le sont depuis plus de 20 ans . 

 

La prise de contact des membres du DAN se fait  par hot  line  ou par  internet.

DAN recueille essentiellement des données des US et de l’Europe.

Celle-ci se fait soit  pour des demandes  d’information ou à l’occasion d’incident  ou d’accident .

 

En comparaison , avec les utilisateurs de circuit  ouvert , les utilisateurs  de recycleurs appellent plus souvent pour des symptômes cliniques. 

 

Au cours de ces appels , sont constatés:

-dans 27 % des cas  ,des symptômes évocateurs d’accidents  de type 1.

-dans 19 % des cas , des symptômes évocateurs d’accidents de  type 2.

-dans 17 % des cas ,des symptômes d’anxiété.

 

On ne constate pas (heureusement) assez de données sur la mortalité  .

Et toutes les informations recueillies ne sont pas toujours utilisables .

 

Entre 1998 et 2003 ,DAN recensait 5 à 10 accidents par an .

Entre 2004 et 2012 ,DAN recensait 20 accidents par an .

Depuis 2013 ,DAN recense 30 accidents par an .

Selon les données  de DAN , il y a 200 accidents mortels par an en plongée scaphandre ;circuit ouvert et circuit fermé confondus.

10 à 15 % de ces accidents concernent les recycleurs.

 

Sur les dix dernières années , l'organisation rapporte 241 décés en recycleur.

 

La tranche des pratiquants recycleurs  de 50 à 59 ans représente 30 % des accidents létaux.

La principale cause de décès est d’origine cardio-vasculaire. 

Selon l’analyse , on constate plus de décés du côté du continent Européen .

 

On  constate que dans la moitié des cas ,la cause de mort n’est pas retrouvée; par manque d’information dans les dossiers et lacune de partage d’information .

Dans 29 cas sur 241 décès , on retrouve une origine cardiovasculaire.

DAN s’accorde à dire que le risque de décés est accru dans cette pratique au-delà de 40 ans .

Pour 14 cas ,on retrouve une origine de Barotraumatisme pulmonaire ou en rapport avec l’âge.

Les accidents de décompression sont retrouvés dans 9 décés.

 

DAN s’est aussi posé la question de la létalité de la pratique CCR en profondeur:

On constate la majeure partie des décés au décours de plongées entre 40 et 80 mètres.

Pour 77% des cas, on ne connaît pas la profondeur de survenue du décés.

 

Concernant les 3H : Hypoxie ,Hyperoxie et Hypercapnie ,DAN conclut qu’elles ne mettent pas en cause les recycleurs mais relèvent d’une origine humaine.

 

DAN s’est aussi intéressé au niveau de certification des plongeurs :

Classés en niveau basic ,intermédiaire et advanced(évoluant au delà de 60 mètres).

DAN constate 5000 certifications de faites par an et une hausse des certifications depuis 2020.

Il y a pour DAN , 1400 à 2800 nouveau pratiquants ccr 

 

DAN a essayé d’appréhender la taille du marché du recycleur:

Dan pour cela a sollicité 24 fabricants de recycleurs - deux n’ont pas répondu .

A ce moment ,le nombre de 23000 machines a été évoqué.

DAN estime qu’il y a entre 25000 et 35000 recycleurs en circulation (entre machine neuves , de seconde main et les recycleurs qui ne sont plus utilisés ).

Il est constaté une grosse progression du marché sur les 3 à 4 dernières années.

On estime la communauté des plongeurs CCR à 48000 mais il est difficile de faire précisément entre les possesseurs  de machines neuves ,de seconde main ,les machines inutilisées et les plongeurs ayant arrêté leur activité. 

 

Un plongeur CCR totalise en moyenne  200 à 300 heures de recycleur .

En considérant un nombre de 20000 à 35000 plongeurs CCR  et en tenant compte d’une moyenne de 20 à 25 accidents mortels par an ; 

On peut estimer de 1,8 à 3,8 décés pour 100000 plongées ou 1,2 à 2,5 décés pour 100 000 heures de plongée CCR .

Ce chiffre à baissé  puisque auparavant il était à 5 .

Il ne faut pas oublier que les pionniers de l'activité (relativement récente)et les premiers pratiquants ont payé un lourd tribu au début du développement de la plongée CCR.

 

Analyse personnelle:

 

Je fais part ici de ma traduction personnelle et elle peut être sujette à variation d’interprétation .  

Les analyses de DAN sont toujours intéressantes mais reflètent exclusivement les informations fournies par ses membres ,certes nombreux et répartis tout autour du monde.

On constate que les données viennent surtout des USA et de l’Europe où le réseau DAN en comparaison du reste du monde est probablement plus développé. 

 

Il est constaté dans l’étude plus de létalité en Europe ; probablement par des pratiques de plongées “plus engagées “ , plus profondes, plus longue  ,plus caverneuses ou de toute façon le risque accidentogène est beaucoup plus élevé .De la à dire  que les plongeurs CCR américains font des plongées moins engagées ; je ne me le permettrai pas.

 

Bien sur on constate que passé 40 ans , le risque d’accident d’origine cardiovasculaire est majeur, n'a rien d'étonnant et se retrouve aussi chez le plongeur en circuit ouvert.

  

Reprendre une activité physique après la maladie ,après une infection virale est une chose à ne pas négliger  ou à prendre à la  légère.

Cela est d’autant  plus  vrai lorsque l’on parle d’ infection par le virus Covid19 et de plongée. sous-marine.

Les médecins et les sociétés savantes de Médecine ont depuis longtemps insisté sur l’importance de respecter des périodes de convalescence et de reprise d’activités physiques progressives après infection virale.

Dans notre activité spécifique se posent plusieurs questions majeures à l'évocation du virus COVID 19.

 

Le fait d’avoir contracté la maladie ou d’en avoir des séquelles majorent-ils le risque d’accident de décompression?

Majorent-ils le risque de surpression pulmonaire ,d'oedème pulmonaire ou encore majorent-ils le risque d’une incompétence cardiaque ou la survenue de troubles du rythme cardiaque ?

Tout en faisant intervenir dans la réflexion la possibilité de présence de facteurs de risques  tels que l'âge ,le surpoids,l’hypertension artérielle,des atteintes cardiovasculaires ,du diabète ,de la sédentarité ,un tabagisme ,du stress, (et autres.) il ne faut pas oublier certains facteurs extérieurs comme le risque d’exposition à l’hyperoxie (par l’utilisation des mélanges Nitrox  ou en technique CCR), l’exposition au froid , l’effort ,ensemble de facteurs qui vont se démultiplier pour majorer le risque accidentogène.

Un point tout particulier et  majeur lié à la décompression qui est largement reconnu comme un phénomène   bullaire mais  comporte néanmoins  une très grande composante inflammatoire.

 

L’inflammation est une des conséquences majeures de l’infection par le COVID 19. 

Depuis 2002 ,le corps médical connaît les conséquences respiratoires et systémiques avec les infections par Virus SRAS ou MERS . 

On retrouve principalement  une symptomatologie respiratoire ,cardiaque et des troubles de la coagulation .

Cette maladie ayant  un action systémique ,touche aussi d’autres organes mais en terme de reprise d’activité physique les atteintes respiratoires et cardiaques restent de premier plan. 

 

C’est au niveau pulmonaire que ce phénomène inflammatoire par action du virus  amène à la fibrose  pulmonaire en passant  par des modifications du parenchyme respiratoire.

Aspect connu du public maintenant par ces images en scanner d’aspect de verre dépoli.

Rapportées à notre activité , ces modifications exposent  à une augmentation de risque de barotraumatisme compte  tenu de la diminution de l’élasticité du tissu pulmonaire.

Tout comme ces modifications majorent l’intolérance à l’effort et le risque d’essoufflement ,elles portent atteinte aux phénomènes de bonne décompression par altération de diffusion gazeuse au niveau de la membrane alvéolocapillaire.

Phénomène se compliquant de l’hypercoagulabilité accompagnant infection et inflammation. 

 

On ne peut pas parler d'effet direct de l’infection virale mais  plutôt d’une conséquence systémique au niveau cardiaque et vasculaire où l’inflammation a un rôle prépondérant.

On observe une  majoration de vasoconstriction , un risque ou une atteinte de myocardite,une majoration du risque de thrombose et un risque de syndrome coronarien.

 

L’infection à virus COVID 19 expose au risque majoré de surpression pulmonaire; expose au risque majoré d’accident de décompression et expose au risque majoré d'oedème pulmonaire.

 

Il convient donc de ne pas négliger son état de santé au sortir d’une infection virale . 

Il est donc recommandé lorsque l’on a présenté une infection virale  à COVID 19 symptomatique et significative de consulter un médecin fédéral ou hyperbare et spécialisé en plongée avant de reprendre la plongée sous-marine.

 

Sur ces principes ,la Commission Médicale et de Prévention Nationale de la FFESSM a émis depuis le début de la crise sanitaire des recommandations spécifiques en prévention , en cas d’exposition virale et des conduites  à tenir pour une reprise de la pratique plongée en sécurité après COVID selon les différents niveaux de maladie présentés par les patients.Vous trouverez en annexes en particulier les dernières recommandations de février 2022 intégrant la proposition “d’auto-évaluation” pour déterminer si votre état de santé nécessite le recours auprès d’un Médecin fédéral ou spécialisé en plongée.

 

La préparation de sa reprise d’activité (et de toutes nos activités plongée) passe par l’application de principes simples ,connus et recommandés par le corps médical qui relèvent de la connaissance et du bon sens plus que la contrainte.

 

Il conviendra donc de respecter les durées de convalescence préconisées.

De reprendre ses entraînements très progressivement.

De ne pas solliciter trop rapidement muscles et tendons.

De s’hydrater abondamment et correctement en période de convalescence.

De s’alimenter correctement  en évitant alcool et alimentation trop riche ; privilégier fruits et légumes. (apport de vitamines ,probiotique ,régime alcalin. )

Programmer ses reprises de plongées en commençant par des plongées de réadaptation de profondeur et de durée raisonnables tout en choisissant des conditions météorologiques favorables .

 

Pour ce qui est de la vaccination anti-COVID :

 

Il n’a pas été mis en évidence jusqu’à présent d’effet négatif des vaccins en situation de plongée.

Il convient de respecter un délai de sept jours avant de plonger avant chaque vaccination .

Ce délai passe à quatorze jours si vous avez eu une réaction post vaccinale de plus de quarante huit heures.

Ce délai est aussi de quatorze jours avant de s’immerger pour les plongeurs à risque.

Pour une bonne reprise de vos activités préférées ,appliquez ces recommandations et restez prudents.

 

Bonne plongées de reprise à toutes et à tous.

Publié dans Articles CMPR PM

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